11 mars 2012

Carthage, Rome et la Numidie

Aujourd’hui nous retrouvons la Numidie à l’époque historique. Nous avons déjà dit que les Berbères sont entrés dans l’histoire, grâce à leur participation à la deuxième guerre punique (entre Carthage et Rome). Deux grands historiens, le Grec Polybe et le Romain Tite-live, nous ont laissé chacun une histoire de Rome. Ils ont rapporté les événements qui se sont déroulés au cours de cette guerre et ont mentionné, entre autres, les différents alliés et adversaires des deux belligérants. Grâce à quoi, nous avons le privilège de connaître Syphax, Gaïa et son fils Massinissa.
La guerre finie, les Numides tombent dans l’oubli. Ils en émergeront quand les Romains débarqueront en Afrique pour détruire Carthage (troisième guerre punique). Polybe se trouvait au siège de Carthage dans l’armée romaine. Il connaissait Massinissa et ses trois héritiers. « Le grand aguellid » boudait les Romains, qui lui avaient dissimulé leurs intentions ; or il leur dissimulait lui-même le rêve qu’il nourrissait depuis longtemps : s’emparer de la Cité punique et en faire la capitale de son royaume. Il mourut l’année suivante (148 av.-C.) non de contrariété, mais de grande vieillesse. Ses fils Micipsa et Mastanabal restèrent sur la réserve. Seul Gulussa s’engagea à fond avec les Romains. Polybe et lui vivant dans le quartier général de Scipion Emilien, on se prend à rêver des faits, gestes et entretiens de ces hommes exceptionnels.
Nous allons vous présenter les deux puissances belligérantes, Carthage et Rome, puis les rois numides engagés dans la deuxième guerre punique.
Vous voyez, à l’est du royaume massyle, le territoire de Carthage. Cette cité fut fondée par des colons de Tyr (en Phénicie, côtes de l’actuel Liban), en 814 av. J.-C. (date traditionnelle retenue par les historiens). A la fois marins, explorateurs et commerçants, les Phéniciens se lancèrent sur les mers, dès 1200 av. J.-C., à la recherche de métaux et de nouveaux débouchés pour leur commerce. On sait que ces intrépides voyageurs ont abordé les îles Britanniques, fait le tour de l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance, plus de 2000 ans avant Vasco de Gama.
Ils s’établirent sur les côtes méditerranéennes depuis l’Orient (Chypre, Rhodes, Crète) jusqu’au détroit de Gibraltar et même au-delà. En Méditerranée occidentale, ils créèrent des colonies dans le sud de la Sicile, de la Sardaigne et Malte ; de nombreuses autres en Espagne, comme Malaga, Gibraltar, Cadix, ainsi qu’au Maroc, comme Tanger, Lixus (Larache) et Mogador ; en Tunisie, Utique, Hadrumète (Sousse) ; en Libye, Sabratha, Oea (Tripoli), Leptis Magna (Lebda).
A son tour, la Ville Nouvelle (c’est le sens de Qart Hadasht , Carthage) créa des comptoirs et des colonies sur le littoral du Maghreb, dans le sud de l’Espagne, les îles Baléares, l’ouest de la Sicile, le sud-ouest de la Sardaigne. Elle fit passer dans sa zone d’influence les fondations phéniciennes. A la veille de la première guerre punique, Carthage possédait sur la côte tunisienne plusieurs comptoirs, dont Kerkouane, Hadrumète (Sousse), Lemta, Thapsus, Mahdia. Sur le littoral algérien, Hippone, Collo, Alger, Tipasa (une colonie), Gouraya, Cherchell, les Andalouses, Rachgoun, etc. Au Maroc, Mellila, Tétouan, Tanger, Lixus.
Carthage devint la grande puissance maritime et commerciale du bassin occidental de la Méditerranée. Elle allait inévitablement se heurter à Rome, puissance montante, puisque, prétend un proverbe, deux crocodiles ne peuvent vivre dans le même marigot. Ce sera la première guerre punique (264-241 av. J.-C.) dite « guerre de Sicile », qui se termina par la défaite de Carthage et la perte de ses possessions siciliennes, de la Sardaigne et de la Corse.
Un point à souligner : Carthage capitula après la défaite navale des îles Aegates, alors qu’elle remportait des succès sur terre. Son sénat ne fut pas à la hauteur de celui de Rome, qui refusait de traiter en vaincu et poursuivait les hostilités.
Nous ne parlerons pas de cette première guerre car les rois numides n’y participèrent pas.

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