A l’origine Rome était un simple village du
Latium. Au temps de Massinissa et de Syphax, elle avait soumis les peuples de
l’Italie jusqu’à l’Arno, au nord, et achèvera la conquête de la Gaule cisalpine
(Italie du Nord) en 222 av. J.-C. Après sa première victoire sur Carthage, les
Romains, conscients de leur puissance, poursuivront leur politique d’expansion.
Guerre après guerre, ils édifieront un empire mondial, à la grande admiration
de leurs contemporains et de la postérité, comme exprime l’historien grec
Polybe : « L’Etat romain a pu, chose sans précédent, étendre sa
domination à presque toute la terre habitée, et cela en moins de
cinquante-trois ans. »… « [D’autres empires ont existé], les
Romains, eux, ont forcé non pas quelques contrées, mais presque tous les
peuples de la terre à leur obéir, si bien qu’il n’est personne aujourd’hui qui puisse
leur résister et que, dans l’avenir nul ne peut espérer les surpasser. »
La grandeur de Rome s’explique, selon lui, par
l’excellence de ses institutions et la supériorité de son armée. Presque
constamment en guerre, Rome possédait
une armée d'une redoutable efficacité, la plus puissante de l'époque qui
nous intéresse. Sa supériorité était due, selon des anciens, au patriotisme et
à l'éducation militaire du Romain, à la discipline, à l'entraînement, à la
qualité du commandement de la légion, ainsi
qu'aux ressources démographiques de
Rome et de l'Italie. Chaque année, en
effet, les cités et les peuples d'Italie soumis à Rome (appelés « alliés
») lui fournissaient entre la moitié et les
deux tiers des effectifs de l'infanterie et de la cavalerie. « Écrasante machine de guerre », l'armée romaine connut cependant de graves
défaites. Mais, au grand étonnement
de leurs ennemis, les Romains refusaient de s'avouer vaincus et de négocier : ils comblaient
facilement leurs pertes, même après un désastre, et reprenaient la lutte jusqu'à la victoire.
La légion romaine
Une armée consulaire comprenait à l'origine
quatre légions (deux légions pour chaque consul), nombre qui a augmenté selon les époques et l'importance des
guerres (vingt-trois légions en 207 avant J.-C.,
pendant la guerre d'Hannibal). La légion comptait en moyenne trois mille
fantassins lourds, répartis en trente manipules, mille deux cents fantassins légers (vélites) et trois cents cavaliers.
La cavalerie était équipée d’une
cuirasse, d’une lance et d’un bouclier.
Les fantassins lourds (légionnaires) avaient pour armement défensif un casque à panache, une
cuirasse ou une cotte de mailles, un
bouclier long et des jambières ; pour
armement offensif une épée assez courte,
à double tranchant, un ou deux javelots d'une portée d'environ trente mètres. Les fantassins légers se battaient
sans cuirasse ; ils étaient équipés d'un
casque, d'un bouclier, de plusieurs javelots et d'une épée à double tranchant.
L’ordre de bataille en rase campagne était généralement
le suivant : la cavalerie prenait place aux ailes, les manipules de légionnaires au centre, séparés par des
intervalles et disposés en forme d'échiquier. Les alliés italiens étaient placés aux extrémités du
dispositif. Les légionnaires étaient
échelonnés sur trois lignes : les
hommes jeunes au premier rang ; les soldats dans la force de l'âge au deuxième, les plus anciens au troisième. Les fantassins légers se déployaient en avant du front.
Le
général adresse à ses soldats un discours d'encouragement, puis fait
donner le signal du combat. L'artillerie intervient en premier : catapultes,
balistes, archers et frondeurs entrent en action. Ensuite les vélites
s'élancent vers l'ennemi. Arrivés à bonne distance, ils lancent tous ensemble leurs javelots, puis tirent l'épée et se battent
au corps à corps. S'ils fléchissent,
ils se replient à travers les intervalles
des hastati (ceux du premier rang) : ceux-ci donnent l'assaut à leur tour : lancer du javelot, puis escrime à l'épée. S'ils ont le dessous
dans le corps à corps, ils se
retirent à travers les intervalles des principes (ceux du
deuxième rang), qui chargent à leur tour.
Pendant ce temps, les triarii (ceux du troisième rang) attendent,
immobiles, un genou en terre, armés de la
lance, couverts du bouclier. Ils combattent rarement, ils n'interviennent que si la situation est
désespérée. Ils se relèvent quand les principes battent eux aussi
en retraite, puis, avec les rescapés des
deux premières lignes, ils chargent
en rangs serrés. Le combat de
cavalerie (aux ailes) a débuté en même temps que celui de l’infanterie. La cavalerie
romaine bouscule et chasse les forces
qui lui sont opposées et revient pour prendre à revers les lignes ennemies.
Encerclés les ennemis prennent la fuite. Alors la cavalerie les poursuit pour les
massacrer ou les capturer.
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